Les investisseurs institutionnels trouvent de l’alpha dans les matrices de risques climatiques: résultats d’une enquête mondiale

de Natalia Moudrak, Kathryn Bakos, Joanna Eyquem, Hugh O’Reilly, Ashby Monk, Soh Young In

décembre 2020

Ce rapport présente les résultats d’une enquête internationale auprès des investisseurs institutionnels axée sur la compréhension des méthodes d’évaluation des risques climatiques physiques, la formation des conseils d’administration, des agents de C-Suite et les gestionnaires de portefeuille pour mieux comprendre ces risques, et l’utilité de Matrices de risques climatiques pour aider les gestionnaires de portefeuille avec les décisions d’investissement.


COMMUNIQUÉ DE PRESSE

9 decembre 2020

Les nouvelles matrices de risques climatiques sont saluées comme un moyen de cerner les enjeux financiers des risques physiques associés aux changements climatiques, tels que les menaces grandissantes d’inondations et de feux incontrôlés.

  • Risques climatiques physiques: La majorité des investisseurs (54 %) ont attribué une importance «très haute» ou «assez haute» aux risques physiques des changements climatiques.
  • Évaluation financière: Parmi les répondants, 62 % n’intégraient pas encore les répercussions physiques des changements climatiques dans l’évaluation financière des actifs.
  • Formation sur les risques climatiques: les administrateurs et les hauts dirigeants manquent de formation officielle sur les risques climatiques. En effet, 46 % des investisseurs interrogés ont répondu qu’aucun de leurs administrateurs n’avait reçu une telle formation ou qu’ils ne savaient pas exactement quelle formation ceux-ci avaient reçue.
  • Divulgation des risques climatiques: Les émetteurs divulguent trop peu de données accessibles et utiles à la prise de décisions sur les risques climatiques physiques auxquels ils sont sujets.
  • Matrice de risques climatiques: Une proportion considérable des investisseurs institutionnels interrogés (85 %) ont indiqué que cette matrice était une excellente approche pour commencer l’analyse des risques climatiques physiques applicables aux actifs qu’ils gèrent.

Les récents mouvements dans le milieu de la finance donnent à penser que la matrice de risques climatiques pourrait grandement contribuer à satisfaire aux appels mondiaux pour la divulgation complète des risques climatiques physiques, cohérente avec la direction décrite par TCFD.

Les banques centrales et les organismes de réglementation financière du monde entier ont sonné l’alarme quant à la menace sérieuse que posent les changements climatiques pour la stabilité financière; une menace mal prise en compte par les marchés et les investisseurs.

Ces organisations réclament un cadre mondial normalisé pour l’évaluation et la divulgation des risques climatiques applicables aux émetteurs. Elles préviennent aussi que la divulgation (actuellement volontaire) pourrait bientôt devenir obligatoire (comme sera le cas en Royaume-Uni à partir de 2025).

Elles justifient leur demande par plusieurs impératifs :

  • Certains phénomènes météorologiques extrêmes sont susceptibles de nuire considérablement aux marchés, d’après le Fonds monétaire international (FMI). Un exemple : l’inondation de 2011 en Thaïlande, qui a causé des sinistres équivalant à 10 % du PIB national et une perte de 30 points de pourcentage dans le marché boursier sur 40 jours. 
  • Le FMI indique aussi que les actifs et les marchés boursiers pourraient être surévalués, étant donné qu’ils ne tiennent pas compte des coûts associés aux risques climatiques. Ces risques pourraient par ailleurs être sous-estimés, car les investisseurs ne les intègrent peut-être pas adéquatement dans leurs évaluations des sociétés et des autres émetteurs. Par exemple, dans un examen des évaluations boursières menées à travers le monde (en 2019), le FMI a constaté que celles-ci « sont établies sans tenir compte ni des scénarios de réchauffement climatique souvent étudiés » ni des dangers et risques physiques qui leur sont associés. Ce manque d’information sur la vulnérabilité financière aux changements climatiques « pourrait constituer une source majeure de risque pour le marché à l’avenir ».
  • Au début novembre, la Réserve fédérale américaine a déclaré pour la première fois que les changements climatiques sont un « risque financier systémique » qui est déterminant pour la stabilité financière des États-Unis. Son président, Jerome Powell, a affirmé que la banque centrale a le devoir de protéger les marchés du pays contre ce risque.
  • Le Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques (GIFCC), dont le mandat est international, a conçu un code de divulgation des risques mondial. Il indique cependant que trop peu d’entreprises, soit une sur 15 seulement, révèlent volontairement leur vulnérabilité financière aux changements climatiques.
  • Le FMI, la Banque d’Angleterre et le Financial Reporting Council (FRC) de la Grande-Bretagne soutiennent qu’une norme internationale sur la divulgation des risques climatiques pourrait aider à préserver la stabilité financière. Selon le FRC, le code du GIFCC, d’application volontaire, représente une « étape intermédiaire » vers une norme internationale qui devrait donner lieu à la divulgation de données détaillées et propres aux entreprises.
  • À la fin de novembre 2020, les huit plus grandes caisses de retraite du Canada, gérant 1,6 billion de dollars d’actifs, ont conjointement appelé les entreprises à utiliser une méthode normalisée pour déclarer leurs données environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). Les investisseurs veulent « un moyen cohérent et transparent de mesurer les impacts et les risques ESG », a déclaré Neil Cunningham, PDG d’Investissements PSP, qui gère les pensions des employés du gouvernement fédéral et de la GRC. Les entreprises qui comprennent leurs risques et les divulguent pleinement ont tendance à surpasser les autres, a-t-il déclaré. Pour les fonds de pension, « la capacité d’identifier ces surperformers augmentera nos rendements et profitera ensuite à nos bénéficiaires. Il s’agit simplement d’un investissement intelligent ».
  • L’élaboration de normes internationales relatives à l’évaluation des émetteurs et des portefeuilles en contexte de changements climatiques, dans l’objectif de protéger les investisseurs et l’économie, sera l’un des sujets centraux de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de l’an prochain (COP26), a signalé Mark Carney, envoyé spécial de l’ONU pour le financement de l’action climatique et ancien gouverneur de la Banque du Canada. Il a ajouté que les gouvernements et les organismes de réglementation devraient aussi exiger la divulgation de données relatives au climat.
  • La Banque du Canada et le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) examineront divers scénarios de changements climatiques pour mieux comprendre les risques auxquels s’exposera le système financier pendant la transition mondiale vers une économie sobre en carbone. Un projet pilote annoncé en novembre 2020 regroupera un petit nombre de banques et d’assureurs en vue de renforcer la capacité du secteur financier canadien à analyser et à divulguer les risques climatiques. « Les changements climatiques représentent un énorme défi pour notre économie, et ils s’accélèrent, a souligné Tiff Macklem, gouverneur de la Banque du Canada. Nous devons aussi accélérer le travail pour en comprendre les répercussions sur l’économie et le système financier. »
  • Le 9 novembre, le Royaume-Uni a annoncé qu’il rendra obligatoire la divulgation des risques financiers liés au climat d’ici 2025; il est le premier pays à prendre une telle mesure. Il exigera que les secteurs respectent le code de divulgation mondial du GIFCC.

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